Dans le cadre du confinement, se retrouver contraint de rester chez soi peut être vécu de façon fort différente, car chacun a son histoire.
Le confinement a une dimension de deuil, au sens de perte, car il nous oblige à perdre tous nos repères habituels : plus de travail, plus d’école, plus de sortie… et inconsciemment la perte renvoie aux angoisses d’abandons et de mort. Ce qui explique que le confinement ait pour certains cette dimension (tout à fait adaptée) de stress, voire même d’angoisse (niveau de peur plus émotionnel et moins rationnel où l’on n’arrive plus à se raisonner).
Comme en plus l’ennemi est invisible (un virus), le temps de confinement incertain (plusieurs semaines), les connaissances médicales limitées (car ce virus était encore inconnu il y a un an), tout cela n’est pas fait pour réassurer la population.
Lorsque l’on a vécu une ou des situations traumatiques, la vie fait que l’on a pu développer des ressources de survie toute particulière, mais bien souvent coexiste une vulnérabilité bien particulière. Elle se manifeste par une sensibilité bien différente de celle de personnes qui n’ont pas connu d’épreuve, car avoir été sur cette rive de l’inhumain (la mort, les agressions, des viols, des maltraitances…), vous changent à jamais. Certains parviennent à continuer de vivre en développant ce que l’on appelle un clivage traumatique : une partie de soi qui vit « comme si de rien n’était » et une partie qui souffre en silence. Cela peut tenir des années sans que personne ne puisse réaliser le vécu traumatique subi. Mais quand une nouvelle situation difficile se présente, le risque est que tout cet échafaudage psychique ne s’effondre sans prévenir. Et le confinement est une période stressante qui est susceptible de fragiliser psychiquement, car il peut réactiver des vécus douloureux et conduire à des reviviscences (on revit la situation traumatique sans pouvoir empêcher qu’elle nous envahisse). C’est très douloureux, éprouvant et d’autant plus difficile que bien souvent les personnes concernées n’osent pas se plaindre, ont l’impression d’être anormales ou même de devenir « dingue ». Alors que ces réactivations traumatiques sont adaptées au contexte de fragilisation psychique.
En parler à ses proches n’est pas toujours le plus efficace, car ils peuvent avoir du mal à comprendre, ne pas être informés du passif traumatique et se trouver totalement impuissants. Le risque est qu’ils ne verbalisent des propos inadaptés qui blesseront encore davantage. Échanger avec des professionnels ou des associations qui connaissent ce processus comme Ré Equi’libre peut être très soutenant.
Enfin se projeter dans le temps en comprenant que le confinement est provisoire et finira par prendre fin, respirer calmement, appeler des amis, essayer de se projeter positivement vers des choses que l’on aura envie de faire après le confinement, penser à des moments agréables, sont autant de petites choses qui mises bout à bout permettront de tenir tout au long des jours à venir. Si l’angoisse devient trop envahissante et ingérable, il ne faut pas hésiter à faire le 15. Les médecins du SAMU sont actuellement submergés d’appels en raison du coronavirus, mais rester seul(e) avec ses angoisses et réactivations traumatiques peut représenter un véritable danger (risque suicidaire, conduites dangereuses). Il est donc essentiel de ne pas rester seul et si nécessaire d’appeler le SAMU.