Je m’appelle Lily et j’ai 19 ans. C’est la première fois que je témoigne.
Parce que dans ma vie il y a l’image que je renvoie: une fille souriante, qui aime profiter de la vie, voir ses amis, etc. Et il y a ce que je « survis » discrètement : insomnies, TCA, anxiété, etc. Je veille à ce que personne ne se doute de cela par le fait que ça ne se remarque pas visuellement.
Depuis longtemps je ne me sens pas en adéquation avec moi même et je me sens parfois dissociée de mon corps.
Vers 15 ans, j’ai commencé à faire des crises d’angoisse. J’ai associé cela a la découverte de mon homosexualité qui m’était difficile a accepter (depuis je l’ai accepté). Je pense avoir compris l’origine de ces crises suite a certains événements et voici celui qui m’a le plus marqué, j’avais 16 ans.
J’étais avec des amis qui parlaient d’un film, plus précisément d’une scène de viol, et j’ai eu une violente crise d’angoisse sans savoir pourquoi. Puis, je me suis dit qu’il y avait peut être un lien entre cette conversation et la crise qui s’en est suivi, mais qu’après tout si j’avais vécu ce genre de choses, je le saurai. Malgré tout j’ai voulu comprendre la réaction que j’ai eue, je me suis renseignée et j’ai appris ce qu’était l’amnésie traumatique.
Aujourd’hui, je suis heureuse des études que je fais, mais je ne parviens pas à m’y impliquer en raison de la fatigue, du manque de concentration, etc. Je m’en sors bien donc personne ne le remarque, mais faire semblant de mener une vie normale demande tellement d’énergie. Je m’inquiète aussi de voir que je développe peu à peu les mécanismes de l’anorexie (sans vraies conséquences pour l’instant). Paradoxalement, j’ai un besoin quotidien d’imaginer des scènes de violence dans les moindres détails (souvent sexuelles), je ne trouve pas d’explication rationnelle à cela. Je ne veux pas me remettre en couple, car je n’envisage pas la possibilité d’être vraie avec quelqu’un, je ne connais plus ce sentiment. Et puis l’idée de l’intimité m’angoisse.
Mon témoignage est un peu particulier, car j’ai l’intime conviction d’avoir vécu quelque chose, mais sans en avoir le moindre souvenir concret.
Parfois je me dis que mon cerveau refuse de se souvenir, de peur que je ne le supporte pas. Parfois je me dis que ce n’est pas possible et que j’invente tout cela, et ces moments-là sont les pires, car cela signifie que je vis tout ça sans raison. J’ai besoin de savoir pour pouvoir avancer, mais j’ai aussi peur de savoir et je pense que cela crée un blocage. Je ne sais pas vers qui me tourner pour ça.
Lily
Hello Lilly. Je suis dans le même cas que toi. Pas de souvenir et les sensations que j’ai, j’ai
L’impression de les inventer. Je n’en parle à personne et je ne sais pas quoi faire. A qui m adresser.
Force à toi ! A nous !
Bonjour, vous pouvez nous contacter à contact@amnesietraumatique.fr si vous avez des questions. Nous sommes là pour ça, donc n’hesitez pas 🙂 Bonne journée ! L’équipe d’ATF
Bonjour Lily, je me reconnais tellement dans ton témoignage, c’est comme si je l’avais écrit, cela reflète tellement mes pensées ! Merci infiniment pour ce texte, je me sens moins seule désormais.
J’ai aussi 19 ans, j’ai aussi d’abord tout mis ce que je ressentais sur le coup de mon homosexualité mais je me rends compte que cela va au delà. Tu décris tout tellement bien, la peur de l’intimité, les crises d’angoisses dès que l’on abordé le sujet de la sexualité, et mes scénarios aussi de violences imaginées envers moi ( le plus souvent sexuelles)… Comme toi je ne ressens que cette impression, cette intime conviction, tu as repris exactement les mêmes mots que j’ai déjà évoqués à mon psychiatre, cette conviction mais sans aucun souvenir. Merci encore pour ce témoignage qui me fait me rendre compte que je ne suis pas la seule à avoir ces pensées