Voici mon histoire, j’ai bientôt 55 ans.
Je n’ai aucun souvenir de mon enfance, rien, je me souviens de 5 minutes lors de l’anniversaire de mes 11 ans, quelques copines et un copain étaient là, on jouait dans le champ devant la maison, c’est tout, quelques flash par ci par là des moments de ma vie. Mais absolument rien d’autre, pas de souvenir.
Je me souviens d’un oncle qui me poursuivait dans le couloir de sa maison, un jour lors d’un repas familial, je me suis réfugiée dans la chambre de sa fille, ma cousine, et il m’a poussée sur le lit, j’ai réussi à me sortir de là et suis partie, ma cousine est venue me voir ensuite en me disant « je t’ai vue avec papa », j’ai tout nié évidemment mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je ne me souviens que de cette poursuite et la chute sur le lit, j’avais 14 ans.
Je me souviens aussi de chez moi, mes parents faisaient chambre à part depuis quelque temps, la chambre de ma sœur et la mienne était à l’étage, celle de mes parents au rez-de-chaussée, ma sœur avait quitté le domicile familiale et mon père allait dormir dans sa chambre. Je me souviens que lorsqu’il montait se coucher j’avais des palpitations, je n’arrivais pratiquement pas à dormir tellement j’avais peur qu’il rentre dans ma chambre. J’avais entre 15 et 18 ans. Ma psy me dit que c’est le début de la sexualité d’ado qui fait cette sensation, je n’ai plus ses mots, mais j’ai compris ce qu’elle a voulu dire.
J’ai mis cette absence de souvenirs sur le fait d’avoir pris de la cortisone pendant 8 ans (de mes 13 ans à 21 ans), je me demandais si la cortisone avait un impact sur la mémoire, et un spécialiste m’a dit que non. À l’âge de 13 ans j’ai fait une péricardite, d’où la cortisone. J’étais une enfant très fragile, toujours malade depuis bébé, en colonie chaque été mais je ne sais plus jusqu’à quel âge.
J’ai vu beaucoup d’exhibitionnistes dans ma jeunesse, je me souviens d’un homme qui me tripotait sur la piste de danse, d’un oncle qui me tripotait un matin au réveil (j’avais 22 ans), ces deux-là ne m’ont pas plus perturbée ; j’ai eu beaucoup d’hommes dans ma vie mais impossible d’en garder un, au bout de quelques jours, quelques semaines ou 1 mois j’avais du dégoût pour eux. Je n’ai eu qu’une vraie relation de 2 ans, la seule de ma vie.
Ensuite j’ai eu un enfant, un beau garçon, son père m’a traitée de pute, ne sachant pas si l’enfant était de lui, du coup je vous épargne cette relation, de toute façon il ne s’est jamais occupé de mon fils. Dès la naissance de C., mon cerveau n’a pas arrêté de penser à la pédophilie, j’avais tellement peur qu’il lui arrive quelque chose, c’était obsessionnel et je n’arrivais pas à me défaire de ça. Je disais à C. petit que son corps lui appartenait, que personne n’avait le droit de le toucher. À ses 2 ans je lui avais appris à se laver le sexe tout seul. J’ai consulté des spécialistes pour C. qui était hyperactif et l’une de ces personnes m’a dit que j’étais tellement perturbée par la pédophilie que j’avais dû forcément subir quelque chose moi-même. J’ai cherché dans mes souvenirs, mais rien, j’ai fait une thérapie (j’avais 38 ans) et voulu faire une séance d’hypnose et la psy me demandais si ça valait le coup de faire remonter tout ça sachant qu’il s’était passé beaucoup de temps depuis. Mais je vois qu’encore maintenant je suis perturbée, ça me hante et je me demande si l’amnésie peut durer si longtemps ?
Pratiquement toute ma famille proche a subi des attouchements et viols : ma sœur (attouchements), ma mère (attouchements), mon père (viols), ma tante maternelle (attouchements) et mon fils (attouchements et viol), et ça a été très douloureux pour moi. Pour C. je l’ai su il y a 6 mois à peine, je ne comprends pas pourquoi il ne m’en a pas parlé avant, je l’ai tellement prévenu, j’ai tellement cru l’avoir protégé. La première fois c’était lorsqu’il était jeune, environ 7 ans, un copain lui demandait des fellations, la deuxième fois c’était à ses 18 ans, un homme riche l’avait drogué et violé. Je lui dis de porter plainte, il ne veut pas, je ne sais pas si de mon côté je peux faire quelque chose, C. a 22 ans maintenant.
On m’a dit que les secrets de famille pouvaient faire croire qu’on a subi soi-même, mais pourquoi je serais encore si mal alors que je sais pratiquement tout ce qu’il s’est passé pour mes proches ? d’où ma question sur la durée de l’amnésie.
Je vois une psychologue depuis 3 mois, on parle de tout, je lui demanderai si elle fait de l’hypnose car je souhaite clore tout ça et je n’y arriverai pas sans savoir s’il y a eu ou non quelque chose.
Cathy