[TW : inceste, violence sexuelle, langage sexuel explicite]

 

Je ne me souviens pas du jour de ma naissance.

Je ne sais pas le désir d’enfant que tu avais mis derrière.

Je ne sais pas la souffrance que tu avais mise dans ce désir d’enfant.

Je ne me souviens pas de tes premiers regards sur moi.

Je ne me souviens pas quand tu m’as pris dans tes bras.

Je ne me souviens pas les jeux que nous avons créés ensemble.

Je ne me souviens pas du jour où ton regard sur moi a changé.

Je ne me souviens pas du jour où tes mains sur moi ont changé.

Je ne me souviens pas de la première fois où tu as pensé à moi autrement.

Je ne me souviens pas la fois où tu as pensé possible de reproduire ce que tu as fait à ton frère sur moi.

Je ne sais pas ce que tu lui as fait. Mais j’ai lu la lettre qu’il t’a écrite.

Je ne me souviens pas de ses mots, mais je me souviens de leur sens.

Je sais que ces mots étaient vrais leur tournure ne laissait aucun doute ni pour moi ni pour le frère que tu m’as donné.

Je ne me souviens pas de t’avoir vu nu, mais mon flash m’a montré ton sexe.

Je ne me souviens pas que tu m’aies imposé ton désir, mais mon flash m’a montré ta masturbation.

Je ne me souviens pas t’avoir fait de fellation, mais un fantasme l’avait attribué à un homme qui n’existe pas.

Je ne me souviens pas que tu aies touché mon sexe, mais un mauvais rêve l’attribue à mon frère qui n’a rien fait de tout ce qui précède.

Je ne me souviens pas de ta respiration près de moi, mais toutes celles des autres m’incommodent.

Je ne me souviens pas de ton plaisir, mais je me souviens que je me suis souvent interdit le mien.

Je ne me souviens pas de tes mains sur ma bouche, mais les miennes se posent constamment dessus pour me dire de me taire.

Je ne me souviens pas pourquoi je suis triste si souvent, mais je sais que je ressens cette souffrance depuis toute petite.

Je ne me souviens pas pourquoi la vie ne valait rien, mais je me souviens des nombreuses fois où j’ai voulu me tuer pour ne plus souffrir.

Je n’ai jamais su la vraie raison de ton refus de mon hospitalisation en psy à mon adolescence, mais avais-tu peur que la mémoire me revienne ?

Je ne sais plus quand ta présence a commencé à me rendre malade, mais je me souviens des allergies fulgurantes que je faisais chez toi, est-ce là que tu as cessé de me toucher ? Etait-ce ma méthode pour que tu ne me touches pas ?

Je ne me souviens pas de mes premières règles ni de quand j’ai appris à contrôler leur venue, mais je sais que je l’ai souvent utilisé avec mon mari et qu’aujourd’hui cela recommence la semaine de mon premier flash. Etait-ce une arme contre ton désir ? Est-ce que cela marchait ?

Je ne sais pas pourquoi j’aime lire tous ces livres sur l’enfance maltraitée, mais je sais que je n’ai plus envie d’en lire.

Je ne me souviens plus de mon enfance, mais je reconnais cette souffrance qui me fait pleurer depuis hier.

Papa que m’as-tu fait ?

Je retrouverai la mémoire, je me le dois.

Je retrouverai la mémoire, parce que j’en ai la force.

Je retrouverai la mémoire, parce que tu ne peux plus m’en empêcher maintenant que tu es mort.

J’en parlerai à ma famille, car ce secret ne ruinera pas la vie de mes enfants.

Ce cauchemar s’arrête avec moi, peu importe d’où il te vient il ne passera pas après moi !

 

Je veux comprendre pourquoi cette douleur depuis 50 ans.

Je veux arrêter de me battre contre moi.

Je veux vivre sans avoir peur de moi et de mon passé.

 

Je survivrai à ma souffrance comme hier. Et demain je voudrais ne plus la ressentir. Pour une fois !

 

Aggie