Je ne me rappelle de rien. Black out complet sur mon enfance. Juste un énorme sentiment de malaise, de solitude et d’incompréhension : c’est donc ça la vie ? Et bien je ne dois pas être faite pour vivre ici…

Je ne me rappelle de rien et pourtant je sais qu’au fond de moi quelque chose a été cassé, souillé, brisé.

Papa, j’ai de la rage envers toi : tu étais censé me protéger pas m’agresser. Regarde-moi, regarde mon visage, regarde ce que tu as fait : mon peu de confiance en moi, mes doutes permanents, ma difficulté à m’aimer, ma terreur devant la colère, ma peur des hommes, la peur de maltraiter ma fille. Et le pire c’est que je me sens coupable, coupable d’avoir pu être attirante. Moi, une jolie petite fille, j’aurais été la cause de tes gestes déplacés ? Mais ce n’est pas moi qui suis responsable c’est bel et bien toi. Ce n’est pas moi le monstre mais bel et bien toi.

Une partie de moi est encore bloquée là-bas, dans cette chambre où tous mes cauchemars me ramènent. Il n’y a pas de doute c’était bien là, dans ce sombre appartement qui me terrorisait, tellement chargé de tout ce qui s’est passé.

J’aurais aimé te pardonner. Je suis même venue en paix, te parler de ce passé qui continue de me hanter. Mais tu n’as pas reconnu, tu as préféré te barricader dans le déni, pire tu es resté froid et insensible à mon désarroi.

Alors je fais le choix, avec ou sans toi, de vivre ; de plonger en moi pour me reconstruire et m’en sortir. J’ai à nouveau des projets, donner la vie, m’épanouir.

Traverser toutes ces zones d’ombre a fait naître une force incroyable que je ne connaissais pas, celle de la confiance en moi et je compte bien la faire grandir !

Anna